Nuit blanche à l’Oulivie, écrit le lendemain de l'averse

La pluie tombe. Des sillons blancs de plus en plus denses envahissent le ciel noir. Des éclairs illuminent l’oliveraie. Une pellicule blanche commence à recouvrir Le Domaine de l’Oulivie. De petites billes blanches s’accumulent. -4°C, elles sont si froides que tout notre corps frémit.

Le Pic Saint Loup subit un très gros orage de grêle. Nous sommes le 6 avril. La nature est en pleine éclosion. Les oliviers et la vigne bourgeonnent. Ces petits grêlons tombent en si grand nombre que nos bourgeons souffrent. La grêle ne s’arrête pas, 10 cm … Les récoltes du Pic Saint-Loup sont abîmées. La nature nous offre un spectacle gigantesque, comme elle sait le faire. Il nous rend humble face à elle.

L’Oulivie va perdre une grande partie de sa récolte, peut-être la totalité. Ce n’est pas la première fois que nous sommes confrontés à un événement climatique marquant. L’histoire du Domaine est associée à un grand gel, celui de 1956. En 1997, année de la création de la marque OULIVIE, toute la famille Vialla, parents, grands-parents et petits-enfants ont débroussaillé, planté et fait renaître une huile d’olive délicate et fruitée au goût d’autrefois.

L’Oulivie a son histoire. Elle reflète les caprices du temps et des hommes. Ses huiles disent toute la générosité du lieu. Avec beaucoup d’humilité, nous comprenons les caprices de la nature et nous en sortons toujours plus forts.

Au lendemain de l'orage de grêle,  nous lançons "les Douze Travaux d’Hercule au Domaine de l’Oulivie", pour rebondir.

 

L'histoire du Domaine de L'Oulivie 

L’exploitation agricole oléicole a été créée par mon grand-père, Charles Billet. Mon père était berger. Nous vivions dans l’exploitation familiale à Viols-le-Fort. Au décès de mon grand-père, l’année de mes douze ans, nous sommes venus habiter au Domaine de l’Oulivie, à quatre cents mètres de mon lieu de vie actuel. Nous y avons eu une vie paisible. Les arbres protégeaient les moutons de mon père. Ce dernier ne croyait pas en la culture de l’olivier.

J’ai fait le choix de passer un BTS agro-alimentaire car l’élevage du mouton ne m’intéressait pas vraiment : j’avais déjà le projet de valoriser le produit jusqu’au consommateur. J’ai fait un stage de 6 mois au U.S.A. dans la Napa Valley. J’y ai vinifié dans une winery, le Clos Pegase.

Au retour, j’ai fait le choix de me reconnecter avec la nature, de m’installer au Domaine de l’Oulivie. Je ne me retrouvais pas dans l’industrialisation de l’alimentation. J’avais gardé l’esprit libre du berger et déjà la conviction que la Loi de la nature prend le dessus. J’ai choisi de revenir aux arbres majestueux de mon enfance. En 1992, c’était un vrai défi de chercher à gagner sa vie avec l’huile d’olive. Cette année-là, j’ai été le premier Jeune Agriculteur installé en oléiculture. Tous les organismes agricoles me conseillaient d’arracher les arbres et seul le Crédit Agricole m’a suivi. Trois hectares d’oliviers ont été arrachés, pour financer mon installation.

Une installation en oléiculture cela signifie : pas de récolte sur trois ou quatre ans. Seul, j’ai débroussaillé et appris mon métier sur le tas. Il n’existait pas de formation à l’époque. J’habitais sur le Domaine. Je préparais mes olives et je vendais sur les marchés. En 1997, la marque Domaine de l’Oulivie a été déposée. J’ai rencontré Hélène et nous nous sommes mariés. Nous avons habité dans un mobile-home puis fait construire le premier moulin à huile et créé la boutique dans sa localisation actuelle.

En 2001, mon frère Roch, plus jeune de neuf ans, s’installe avec moi, après avoir obtenu un BTS protection des végétaux et une expérience dans la viticulture. Nous plantons de nouveaux oliviers mais aussi des chênes truffiers. Mes parents sur les marchés, Laetitia, épouse de Roch, Hélène, Roch et moi sur le Domaine, nous continuons, en agriculture raisonnée. Le Domaine s’agrandit passant de 17 à 30 hectares. Nous élevons nos enfants sur le Domaine.

En 2012, c’est l’accident de vie qui remet tout en question : les oliviers ont gelé et cela s’est traduit par quatre années sans production. Aucun soutien. Alors le Domaine de l’Oulivie fait sa résilience avec l’agritourisme. Nous installons des lodges dans le Domaine. Nous choisissons de mettre l’accent sur le magasin plus que sur les marchés. Nous nous associons avec des domaines qui eux n’ont pas gelé et nous leur achetons leurs productions. Entre 2012 et 2016, le chiffre d’affaires du magasin a été multiplié par trois.

En parallèle, nous replantons et nous repartons, comme en 1992 mais en BIO cette fois. Le consommateur devient un partenaire. Il fait progressivement de plus en plus partie du développement de l’Oulivie, du chemin. En fin d’année 2018 une association a été créée pour notamment formaliser ce partenariat autour de l’agriculture bienveillante que je souhaite développer : Graine d’Oulivie est née.

C’est un retour aux sources et un élargissement, avec l’olivier protecteur d’autres activités agricoles. C’est le passage de l’agriculture biologique au développement de la permaculture. C’est l’association de compétences à celle de la nature.

L'orage de grêle compromet la récolte 2019 et nous plonge dans une situation difficile. La collecte va nous aider à rebondir. Nous ne baissons pas les bras, bien au contraire. Avec nos 9 salarié.e.s, nous allons accentuer la direction prise depuis plusieurs années maintenant. Vos dons vont nous aider à passer l'étape puis, avec un deuxième objectif, à accélérer notre projet. Nous voulons partager ce que nous appelons "le Bien vivre à l'Oulive".

La localisation du Domaine de l'Oulvie entre Montpellier et Pic Saint-Loup est favorable. L’envie de moments de convivialité et de bien-être est forte. Le projet dépasse l’agritourisme pour créer une exploitation agricole ouverte aux habitants et visiteurs de passage.

Des entreprises comme des particuliers vont pouvoir venir passer quelques heures pour déguster les produits de l’exploitation oléicole, participer à des ateliers, profiter du cadre et se ressourcer, se réunir et créer…

Cette nouvelle transformation va se doubler d’une structuration. Le développement de partenariats va se poursuivre dans la continuité du jardin de plantes médicinales et aromatiques créé par Régine, du potager en permaculture d’Isabelle, des ateliers d’éthologie proposés par Bruno, des ateliers de yoga dans l’oliveraie et du restaurant paysan qui ouvrira ses portes en mai.

Si vous n'avez pas la possibilité de contribuer via la plateforme, vous pouvez nous faire parvenir chèques et espèces à l'adresse suivante. Ces derniers seront ajoutés à la collecte. 

Domaine de l'Oulivie

34980 Combaillaux

Un très grand merci à tous !