Bonjour,

Je suis Clément, producteur d'abricots sur l'exploitation familiale. Depuis maintenant 5 ans, nous expérimentons de nouvelles méthodes de cultures dans nos vergers. Nous vivons dans les Baronnies Provençales, en plein cœur du parc naturel régional. Nous travaillons en famille avec mes parents, Jacky et Catherine et ma sœur Lucie fraîchement revenue au pays.

Ici l'agriculture est difficile, nous cultivons des parcelles arides où le sol est souvent très superficiel. Peu de terre dans un climat méditerranéen changeant. 

Malgré ces quelques rudesses agronomiques, la vie y est paisible dans un cadre somptueux. Pour être au plus près de notre climat et de nos sols, nous adaptons les espèces implantées ; nous cultivons des abricots, des plantes aromatiques dédiées aux huiles essentielles ainsi que des pépinières, avec un nouveau projet de plantation d'olivier, prévu pour le printemps prochain.

Les origines de notre réflexion
 

Je comprends très vite à l'école, que la gestion du sol et notamment la gestion de la matière organique est un point central dans le bon fonctionnement d'une parcelle agricole. Le sol doit être riche en matière organique et couvert tout au long de l'année. La nature nous montre l'exemple : à nous de l'adapter à nos systèmes agricoles.

J'ai donc commencé, il y a 5 ans, quelques expérimentations dans les vergers d'abricotiers.

Ces systèmes sont complexes, ils nécessitent de changer littéralement sa vision de l'agriculture. On passe d'une vision simpliste où l'on apporte des éléments de l'extérieur pour mener à bien la récolte (engrais, pesticides...) à une vision totalement holistique où tout se passe de l'intérieur. L'objectif étant d'agir le moins possible avec des outils extérieurs et de faire fonctionner les acteurs à l'intérieur de la parcelle (plantes, arbres, biologie du sol).

Zoom sur le fonctionnement

Le but est de remettre le sol au centre du système de culture et le considérer tel un ORGANISME VIVANT GÉNÉRATEUR DE FERTILITÉ. Une structure habitée par des milliers d'êtres vivants qui recyclent la matière végétale en éléments nutritifs pour les plantes. Il suffirait donc de le nourrir pour répondre aux besoins des cultures qui y prospèrent ? Effectivement, mais avec quelle nourriture ? Du végétal évidemment, l'unique source alimentaire des organismes du sol. Notre réflexion nous amène donc à semer des plantes entre les rangs à contre cycle de croissance des arbres qui porteront chaque saison les abricots à maturité. 

Nous semons aujourd'hui une multitude d'espèces de plantes ; des espèces à critères agronomiques intéressants pour nos cultures et pour les insectes qui les fréquentent. Les semis se réalisent en septembre, au moment où les arbres se reposent, et se détruisent en mai, au moment où les arbres portent leurs fruits et ont besoin d'un confort nutritif et hydrique. 

Cette technique pourrait permettre de réduire de façon significative les apports d'engrais chimiques aujourd'hui utilisés de manière raisonnée sur la ferme. De plus, l'équilibre nutritionnel apporté par cette technique permet aux arbres de mieux se défendre contre les attaques de ravageurs et donc de limiter l'usage des pesticides. Après leur destruction, une partie de la biomasse est transformée en matière organique agissant en éponge du sol. Cette technique permet donc d'augmenter le stockage de l'eau dans nos sols, un point fondamental pour les années à venir.

C'est le cercle vertueux de l'agroécologie. Il s'agit d'orchestrer cette multitude d'être vivants et de construire un environnement prospère à leur développement. Les plantes, et plus précisément les graines que nous semons, sont le point central de ce système.

Parallèlement à l'harmonie globale, les plantes représentent aussi un outil majeur contre le réchauffement climatique, elles captent le carbone de l'air pour le transformer en oxygène. Augmenter la fréquence de leur utilisation pourrait permettre de faire progresser la lutte contre celui-ci.

Développer nos expérimentations à grande échelle

En arboriculture, ces méthodes sont nouvelles et le matériel existant n'est pas adapté à la configuration de nos vergers. Nous avons donc travaillé avec un constructeur pour développer un nouveau semoir de semis direct.

C'est un semoir capable de semer sans travail de sol (labour, hersage) qui préserve la structure et l'habitat. Un outil précieux pour progresser dans cette méthode et intensifier la vie des sols et de ses cultures tout en respectant le vivant et peut-être mieux...  travailler ensemble main dans la main !

Jusqu'à aujourd'hui le matériel de l'exploitation suffisait à la dimension expérimentale de nos essais. Après quelques années de recherche les résultats sont là et nous encouragent à déployer ces méthodes sur de plus amples surfaces.

Pour conclure

Un sol vivant c'est des plantes vivantes, des aliments de qualité et des hommes en bonne santé. 

Ces trois dernières années, les récoltes ont été capricieuses. Les gels de printemps successifs ont eu raison des petits fruits fraîchement fécondés mettant à mal la trésorerie de l'exploitation. 

Il faut malgré tout se battre, rebondir et avancer. La nature, elle, ne s'arrête pas. C'est pourquoi nous faisons appel à vous pour financer un semoir dont le coût est de 21 000 €. La collecte s'élevant à 12 000€, elle permettra de financer une partie du semoir de semis direct développé avec le constructeur.

Cet outil va nous permettre de semer plus de surfaces mais aussi de continuer nos expérimentations et d'aller plus loin dans le respect et la fonctionnalité d'un sol vivant. 

Ce projet est également soutenu par le primeur Grand Frais à hauteur de 4 000€. Un partenaire fidèle, engagé auprès de ses producteurs avec qui nous travaillons depuis de nombreuses années. Nous les remercions sincèrement de nous accompagner dans cette aventure.

Mille merci d'avoir pris le temps de lire et peut-être participer à ce projet. Merci pour votre engagement dans les sols vivants. Cette aventure et aussi collective, nous échangeons beaucoup avec nos amis et collègues paysans d'ici et d'ailleurs. Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! 

L'agriculture vous remercie !